7. Conclusion¶
Trois éléments clés sous entendent notre description du monde : la matière, l’énergie et l’information. Transmettre l’information est sans aucun doute la révolution de ce 20ème siècle achevé et l’enjeu majeur de ce début du 21ème.
La notion d’information est porteuse de sens. Elle s’appuie sur des données et un canal de transmission ; elle est véhiculée entre un émetteur et un récepteur.
Dès lors se pose la problématique de la fidélité de la représentation, et de l’adaptation au canal de transmission.
La mission de la phase d’encodage est d’assurer au mieux cela. Le codage binaire d’entiers ou de caractères s’effectue sans perte, étant effectué entre deux espaces discrets ou discontinus : en effet, l’espace des entiers ou des caractères se parcourt par sauts successifs d’une valeur à une autre et trouve une correspondance parfaite avec le codage binaire. Chaque entier distinct va pouvoir trouver sa représentation parfaite comme nous l’avons vu au premier chapitre via son codage binaire et sa représentation décimale associée. De même, chaque caractère trouve son équivalent binaire via la table de représentation ASCCI ou mieux UTF présentées au chapitre deux. Représenter un grand nombre entier, ou une palette plus large de caractères ne dépend dès lors que de la capacité de la machine et du nombre de bits de codage : 4, 8, 16, 32, 64 bits…
Le problème est tout autre dès lors qu’on s’intéresse à la représentation machine des images ou du son, abordée aux chapitres trois et quatre.
Le dialogue entre discret et continu est caractéristique de la science notamment depuis le début du XXème siècle, en mathématiques, physique, chimie, biologie et… en informatique.
Ce que l’œil perçoit est en réalité une information physique continue, tout comme un son. Dès lors, la représentation d’une image dans l’espace fini de la machine - l’ordinateur - ne pourra être que partielle ; la puissance de l’ordinateur va définir la précision avec laquelle l’information va pouvoir être transmise, sa fidélité.
La chaine complète émetteur - canal de transmission - récepteur participe de cette fidélité, et tout se joue alors dans l’ajustement entre cette chaine et la puissance de l’encodage, c’est à dire la capacité de la machine : la complexité de la représentation matricielle pour l’image (pixellisation), la finesse de discrétisation pour le son (échantillonnage).
Représenter l’information à travers ce que comprend la machine (c’est à dire le mode binaire) assure de pouvoir étendre ses possibilités de transmission : aujourd’hui nous pouvons écrire un texte avec un logiciel de traitement de texte, dessiner une image avec un logiciel ou la capturer avec un appareil photo numérique, enregistrer un son, puis transmettre ces «objets numériques» à une multitude de personnes, à l’autre bout du monde, sans altération significative de l’objet initial. Cette information peut être stockée, modifiée, complétée et s’intégrer à nouveau dans ce flux mondial : c’est toute la puissance et la révolution apportée par la technologie numérique, partagée aujourd’hui par plus de 80% des pays de la planète, et 60% des humains.
Dès lors, on peut s’interroger sur les évolutions de cette technologie dans le sens d’un accroissement de ces performances de représentation, c’est à dire principalement la fidélité, la rapidité et l’accessibilité. L’accroissement des performances des machines liées à l’adoption des transistors, l’arrivée des microprocesseurs puis à la miniaturisation suit une croissance exponentielle depuis sa prédiction par Gordon E. Moore en 1965 : c’est la fameuse loi de Moore. Les ordinateurs sont devenus de plus en plus petits, de moins en moins coûteux et de plus en plus rapides et puissants.
Les performances calculatoires ont impacté les mathématiques elles-mêmes, science des nombres.
Les outils de traduction parviennent à des niveaux inimaginables il y a encore vingt ans.
La synthèse vocale atteint aujourd’hui une telle qualité qu’il devient difficile pour l’oreille humaine de distinguer une voix humaine de celle d’un robot.
Pour représenter le réel, si l’on peut imaginer des marges de progression encore possibles en terme de fidélité, c’est sans doute sur l’accessibilité, la diffusion, la consommation des ressources et l’impact sur le climat que se situent les enjeux du développement numérique.